Je vais bientôt entrer dans ma 10ème année de blogging, ce qui signifie que je blogue depuis bientôt 10 ans, autant dire un siècle sous notre ère de consommation rapide sur écran. En 10 ans mon blog de voyages, Un Monde Ailleurs, a accumulé à ce jour 8 180 commentaires. C’est sans compter les 4 premières années pendant lesquelles j’étais hébergée sur la plateforme Haut&Fort qui ne m’a pas permis de récupérer ces commentaires lorsque j’ai migré vers une adresse URL indépendante.
Partons donc du principe raisonnable que j’ai cumulé environ 10 000 commentaires sur Un Monde Ailleurs en moins de 10 ans. Parmi ces commentaires, quelques perles rares bien sûr mais j’ai noté au cours de ces deux dernières années une recrudescence de questions et demandes (voire même d’exigences) symptomatiques d’une évolution des comportements chez les lecteurs. Peut-être êtes-vous directement concerné(e) ?…
Différentes typologies de commentateurs sur un blog de voyages
J’ai relevé différents types de commentateurs sur mon blog de voyages, de ceux qui expriment juste un « oh c’est beau » jusqu’à ceux qui rédigent un véritable plaidoyer ou argumentent longuement pour enrichir le contenu de mes récits en y apportant des éléments d’informations ou des appréciations dûment justifiées. Voyons dans quelle catégorie vous vous rangez, catégories illustrées par des extraits de commentaires relevés sur mon blog (des commentaires qui n’ont parfois jamais été approuvés) :
L’admirateur
Il a repéré la blonde au sourire et avec son appareil photo (la petite vignette qui me sert de profil sur chacun de mes réseaux sociaux, la même depuis 10 ans pour une identification facile sur tous mes réseaux). Au mieux c’est un amoureux du voyage, ou un amoureux de mes photographies, au pire c’est juste un flatteur ou un dragueur qui tente sa chance. Au choix c’est : « tu es trop belle je peux partir avec toi ?« , « j’y serai aussi, tu descends à quel hôtel ?« , « j’y vais, tu veux qu’on partage la voiture ?« , « il n’y a pas une petite place dans ta valise pour moi ?« , « moi aussi je veux partir en Papouasie, je t’emmène et plus si affinités« . Ce type de commentaire (n’enrichissant nullement mes écrits ou mon témoignage) est systématiquement modéré = refusé.
Le gentil
Il rêve de partir mais ne le peut pas, par peur du grand saut ou pour d’autres raisons justifiées qui lui sont personnelles (et que je respecte pleinement). J’écris principalement pour ce public-là depuis les tous premiers jours, pour ceux qui ne peuvent pas partir, pour ceux qui aimeraient mais qui en sont empêchés. Ces lecteurs s’expriment pourtant rarement, sauf en message personnel (sur Facebook, par formulaire de contact, par e-mail séparé suite à l’envoi d’une newsletter). Certains osent pourtant écrire quasi systématiquement : « c’est trop beau« , « j’adore ce que tu fais« , « continue à nous faire rêver« , « que du rêve« . Et puis surtout ce simple « merci » qui fait chaud au coeur, et qui soutient dans les moments de doute. J’ai poursuivi mes activités de blogging pendant dix ans grâce à ces petits mots d’encouragement discret. Merci à vous !
Le blogueur, subtil ou non
Il se positionne ouvertement ou non en tant que collègue ou concurrent, selon le ton. Il vient sur le blog systématiquement chaque jour pendant une période relativement courte (de quelques jours à un mois), il devient fan parce qu’il vient juste de lancer son blog, parce qu’il cherche à apprendre « comment on fait », ou parce qu’il veut se faire connaître et pense qu’en noyant chacun de mes articles par des commentaires indiquant son pseudo (pire, avec son @dupont) et son URL il augmentera plus vite son audience en attirant mes lecteurs vers son blog à lui (j’appelle cela du racolage). Ces commentaires sont à 95% sans intérêt, visant juste à attirer l’attention : « tu as trop de chances, moi je suis allée sur la plage de xxx au Brésil comme je le raconte sur mon blog… » (publié sur l’un de mes articles du Vietnam), « tu as raison, d’ailleurs je le raconte là sur mon blog : http://www…« , « j’admire ton travail, comment fais-tu pour gagner ta vie et voyager autant ?« , « je veux y retourner le mois prochain tu n’aurais pas un contact pour me faire héberger gratos ? », « j’ai fait les mêmes photos que toi, tu peux les voir là : www… » (ben non, pas vraiment les mêmes photos mais disons au même endroit), etc…
Au mieux, le blogueur qui commente a un vrai talent, ou une vraie motivation de qualité, et me permet de découvrir ses écrits mais sans passer pour un accro du « do follow » (procédé web qui consiste à empêcher Google, ou non, de voir votre URL lorsque vous déposez un commentaire). Et au mieux, ce blogueur-là va ouvrir un vrai débat en mettant en valeur un autre aspect de la destination ou en m’invitant à découvrir différemment. Là, je remercie. Il m’arrive d’ailleurs de rencontrer ces blogueurs à Paris ou ailleurs, et certains sont devenus des amis. Merci le blog !
Le consommateur
Il a envie de partir sur une destination précise, il a tapé quelques mots-clés sur Google et arrive sur mon blog, lit un article, parfois deux (on peut le voir sur Google Analytics, oui) puis pose une question très directe sans s’embarrasser de formule de politesse. Ce lecteur-là me prend très souvent pour une agence de voyages ou pour un forum de voyageurs : « je pars en janvier en mer rouge, quelle est l’agence de plongée qui te fait partir pour moins de 1000€ la semaine ?« , « je pars en voyage de noces aux Maldives, j’ai un budget de 2000€ pour deux et je veux rester 10 jours, quel hôtel dois-je réserver ?« , « je veux partir en Namibie, c’est quoi la meilleure période ?« , « je pars la semaine prochaine pour l’île Maurice, quels sont les lieux que je ne dois pas manquer ?« , « nous partons en famille à quatre en Australie, je dois compter quel budget ?« .
Ce sont des questions auxquelles je peux répondre, à condition d’étoffer davantage votre demande (vous souhaitez partir en quelle saison, avec quel budget, avec ou sans enfants, quels sont vos centres d’intérêt,…). Néanmoins si vous prenez le temps de fouiller davantage mon blog vous trouverez réponse à vos questions, et certains de mes articles « meilleurs hôtels de l’île Maurice », « quelle période aux Maldives »,… ont été rédigés pour répondre directement à ces questions publiées par les lecteurs. J’ai fini au fil des ans par créer de vrais documents Word listant les incontournables à ne pas manquer ici ou là, et je fais de grands copié-collé chaque fois que l’on me pose la question. Enfin en septembre dernier j’ai carrément créé un nouveau blog d’informations générales à propos de l’île de Lombok sur laquelle j’ai déjà passé quelques mois puisqu’il y avait une réelle demande : Discover Lombok.
Souvent aussi il suffirait de faire une simple recherche sur Internet pour trouver réponse à votre question sans attendre que je rentre de voyage pour y répondre…
Le touriste
Il est arrivé par hasard sur mon blog, a lu un article, puis pose directement des questions ou publie une réflexion sans avoir pris le temps de lire au préalable la page A Propos du blog qui présente l’auteur et son contexte, sans avoir fouillé non plus dans le menu de navigation qui précise tout de même à la fois le contenu et l’expérience du blogueur. J’ai aussi publié sur mon blog une page « Carte de mes voyages », très facilement accessible, et qui permet au lecteur qui vient d’arriver de faire connaissance avec l’expérience de voyageuse de l’auteur : carte de mes voyages.
Ce lecteur-touriste du blog a le don parfois de m’exaspérer, et je supprime carrément le commentaire si ces réflexions faites à l’emporte-pièce prouvent le manque d’intérêt du lecteur pour l’auteur, et met surtout en exergue son sens critique sans raisonnement : « tu devrais aller à l’île Maurice c’est beaucoup mieux que les Seychelles » (j’ai publié 53 articles sur l’île Maurice et j’y ai vécu un an… accessoirement je suis aussi allée 3 fois aux Seychelles), « si tu vas à New York tu pourras visiter l’intérieur de la statue de la liberté » (je suis allée plusieurs fois à New York, et oui j’ai visité – et publié des photos – sur l’intérieur de la statue de la liberté, entre autres), « j’ai visité 15 pays dans ma vie et je peux te dire que la république dominicaine a les plus belles plages, plus belles qu’en Polynésie » (il n’a jamais mis les pieds en Polynésie, et je ne pense pas que la république dominicaine – que je ne connais pas – ait la palme des plus belles plages du monde),…
Le péremptoire, l’autoritaire
Il ne voyage parfois qu’une fois par an, ou bien il vit dans l’un de nos départements et territoires d’outre-mer ou en tant qu’expatrié dans une autre contrée, et s’offusque de mon témoignage. Cela m’est rarement arrivé, mais lorsque j’ai publié un article affirmant que je n’ai pas apprécié une île aux Marquises, ou celui sur lequel je témoigne d’avoir mangé de l’ours polaire au Groenland, je me suis fait carrément insulter par certains. Le lecteur alors oublie qu’il est venu de lui-même sur mon blog (qui est mon espace personnel) sans y être invité (il s’agit donc d’une démarche personnelle de sa part) et tacle l’auteur plus ou moins sévèrement sans prendre le temps de faire connaissance avec lui (ou elle) en parcourant d’autres écrits pour se faire une idée générale de ses témoignages. Non, il préfère réagir instinctivement en exprimant vertement son désaccord, souvent d’ailleurs en utilisant un pseudo destiné à cacher son identité (tandis qu’il a forcément inscrit son adresse e-mail et que je peux lire son adresse IP voire davantage) : « on a pas besoin de vous chez nous !« , « vous n’avez pas honte d’inciter les enfants à manger de l’ours…« , « les groenlandais devraient avoir honte de tuer des bébés phoque…« , « je peux pas blairer les Chinois ils polluent tout et crachent partout« , « je n’irai jamais dans ce pays ce sont des assassins…« , « reste chez toi…« , et la perle à mes yeux : « tu devrais voyager plus souvent ça t’ouvrirait l’esprit !« .
Faut-il ou non modérer les commentaires des lecteurs sur un blog de voyages ?
Définitivement ma réponse est oui. Peut-être pas si vous venez tout juste de vous lancer, mais si vous êtes blogueur et que vous voyagez mettre les commentaires en modération vous permettra de monter dans un avion et de parcourir la moitié de la planète sans vous inquiéter des réactions parfois épidermiques ou trop instinctives de vos lecteurs (la famille et les amis peuvent aussi parfois se lâcher un peu trop). Un décalage horaire important permet aussi de prendre un peu de recul par rapport aux réponses que vous souhaitez apporter : lorsque je reçois un commentaire qui me chiffonne un peu je prends toujours le temps nécessaire à la réflexion afin d’apporter une réponse qui ne soit pas instinctive.
D’autre part modérer les commentaires permet surtout de faire un tri entre les flatteries inutiles, les débats infructueux et les conversations stériles (« tu reviens quand parce que je t’ai envoyé un e-mail…« ). Parfois aussi un lecteur publie un commentaire sur un article qui serait plus approprié sur un autre (pourquoi poser une question sur l’Indonésie sur un article relatif à l’Australie ?), je le déplace alors afin que ce commentaire et ma réponse enrichissent un contenu plus adéquat.
Enfin modérer les commentaires permet aussi de ne pas faire apparaître sur votre blog toutes les sollicitations commerciales ou non que vous recevez chaque jour (semaine, mois,… en fonction de votre audience plus ou moins importante). Depuis que j’ai inscrit juste au-dessus de la zone des commentaires un petit paragraphe visant à prévenir ce genre de demandes j’en reçois moins, mais néanmoins je n’aime pas voir apparaître sur mon blog de voyages des propositions visant à publier chez moi des articles sponsorisés, des articles rédigés par d’autres auteurs, des articles visant à intégrer un certain nombre de mots-clés et d’URL commerciales, etc…
Faut-il publier un commentaire sur un blog de voyages
Bien sûr ! Lecteurs, lectrices, sentez-vous absolument libre de commenter n’importe quel article, même les plus anciens, de soulever un débat, de poser une question. Je suis chaque fois heureuse de vous lire. Mon blog m’a aussi permis de reprendre contact avec des amis perdus de vue, et même de découvrir des « cousins », ou supposés tels (portant le même patronyme que le mien). Je suis d’ailleurs souvent stupéfaite par la familiarité des commentaires signés d’un « gros bisous » de la part d’inconnu(e)s qui eux ont le sentiment de bien me connaître parce qu’ils me suivent depuis des années sans s’être jamais déclarés auparavant. Ces gros bisous sont les bienvenus, puisqu’ils sont signe d’un sentiment de gratitude ou d’amitié qui me va droit au coeur.
Je ne m’exprime pas ici au nom de tous les blogueurs de voyage, chacun a sa propre déontologie et sa propre approche quant aux commentaires, par ailleurs les blogueurs débutants rêvent d’au moins un commentaire par jour et modèrent peu. Néanmoins au bout de 10 ans de blogging (c’est mon cas) on surveille moins les commentaires chaque jour et je suis toujours agréablement surprise (et un peu inquiète puisqu’il va bien falloir répondre) d’en trouver 30 à 40 en attente de modération lorsque je rentre d’un voyage et que je n’ai pas pu les accepter au fur et à mesure du voyage (manque temporaire de connexion).
L’important en tant que blogueur est de trouver le temps de répondre à chaque commentaire, d’avoir la politesse de passer virtuellement un moment avec chaque personne qui a pris le temps de s’exprimer, ne serait-ce que pour remercier. Parfois des commentaires n’appellent pas forcément une réponse, mais il est important pour le lecteur de percevoir que l’auteur a lu ses quelques mots. Je réponds alors de temps en temps par un e-mail séparé, personnalisé.
Quel est votre avis à ce sujet ? Si vous êtes blogueur vous-même comment réagissez-vous à certains commentaires ? Et en tant que lecteur de blogs, avez-vous l’habitude de laisser un commentaire, avez-vous le sentiment petit à petit de bien connaître l’auteur du blog ? Votre avis m’intéresse !
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